Uniformité et Singularité ou comment déstandardiser le standard ?
Valentine Lecarpentier
Uniformité / Singularité visuels / Valentine LVoici une réflexion sur l'uniformisation des objets produits en série, et un aperçu des alternatives explorées par les créateurs pour contrer cette standardisation des biens de consommation.
TEXTES qui viennent nourrir la réflexion
- De Bozzi, Pénélope ; Oroza, Ernesto : La création populaire à Cuba, objets
réinventés, Paris, éditions alternatives, 2002
- Oroza, Ernesto : Rikimbili, Une étude sue la désobéissance technologique et quelques formes de réinvention, Saint-Etienne, Publication de l’université de Saint-Etienne, 2009
- Baudrillard, Jean : Le système des objets, Gallimard, 1968
- Dagognet, François : Eloge de l'objet, Paris, Vrin, 1989
- Platon : La République, 4ème siècle avant JC
Uniformité
et singularité
ou
comment déstandardiser le standard ?
Nous
contestons la thèse selon laquelle le XXème siècle est voué à la
standardisation
François
Dagognet //
Eloge
de l'objet Platon
la
république,
Pour
Platon,
il y aurait trois degrés d'existence des choses impliquant une
hiérarchisation
Par exemple pour le lit il y aurait:
1/ l'Idée du lit par nature, unique (créée par Dieu, donc le degré supérieur d'existence, le lit réel, le Vrai lit), l'Idée comme son essence, ce qui fait de manière conceptuelle le lit (ou autre)
2/ le lit réalisé par le menuisier (l'artisan) d'après l'Idée du lit, celle de Dieu. Il copie donc l'Idée du lit.
3/ la représentation de ce lit par le peintre donc l'imitation du lit (degré le plus bas) qui se tient au 3ème rang par rapport à ce qui existe par nature. La peinture est une imitation de l'apparence du lit. Si on regarde le lit de différentes manières il nous apparaît différent mais ne l'est pas en réalité, pourtant la peinture ne s'arrête que sur un point de vue et non pas sur la vérité du lit. Elle imite le lit tel qu'il apparaît à nos yeux, d'un seul point de vue. L'art de l'imitation est donc bien éloigné du vrai.
Ces
deux derniers degrés seraient des illusions de l'Idée du lit car
elles n'en sont que des représentations. Celle du peintre serait la
plus éloignée de la vérité car elle n'est que le représentation
d'un lit déjà illusoire. L'Idée du lit, son essence, serait le
degré d'existence du lit le plus Vrai. L'artisan et le peintre
doivent rester au plus près de l'idée pour ne pas trop s'éloigner
de la vérité.
François Dagognet remet ces propos en cause. Pour lui Platon enferme les choses dans des immuables. Réduire donc une chose à une Idée (supérieure et universelle) lui semble réducteur et surtout faux. La réalisation de l'objet ne sort pas d'un modèle immuable, qui imposerait une conception particulière de l'objet. Le concepteur invente. Pour Dagognet, cette conception ôte l'originalité possible en toutes choses. Le créateur doit donc contaminer l'essence des choses pour créer.
Il
se déclare donc anti platonicien. Rejet de l'idée d'une chaise qui
précède la chaise et la verrouille dans son essence. l'histoire a
donné la preuve que la chaise n'a cessé de s'affranchir d'une idée
unique de chaise constante.
Nous
contestons donc la thèse selon laquelle le Xxème s est voué à la
standardisation...
Etrange...
le Xxème est justement l'apogée de la standardisation. Créer des
constantes pour pouvoir fabriquer industriellement, à moindre coûts.
La différence coûte cher. Mais on voit que quasi dès l'apparition
de la standardisation une volonté de différenciation est aussitôt
apparue.
Quand le standard fait des gammes // série diversifiée
polysémie :
haut et bas de gamme/ la gamme comme assortiments, variations d'un
même élément/
La
gamme est une suite d'éléments dont certains caractères varient
(couleurs , matériau, finition, dimensions...). La
multiplication des caractères variables qui différencient les
produits à l'intérieur de la gamme peut compliquer le jeu à
l'infini.
« Ford
T» 1908: « nous avons standardisé le consommateur. »
Ford a cherché la satisfaction moyenne de chacun on assiste donc à une standardisation de la réponse. « n'importe quelle couleur
pourvu qu'elle soit noire » il ne cherche rien de superflu,
aucune fioriture, rien qui ne soit destiné à flatter la sensibilité
des acheteurs. La production de masse impose de rechercher des
standards. Elle uniformise les goûts. Mais General Motors arrive et
propose des différences esthétiques (différentes couleurs, crée
donc une gamme) elles deviennent donc un stimulant.
Le
consommateur est le centre de gravité du design, le sujet n'est pas
l'objet mais le consommateur.
▶
General
Motors, 1923,
les voitures prennent des couleurs. Se
différencie de Ford en proposant une gamme, il met l'accent sur les
attentes esthétiques des clients. Multiplication des modèles pour varier les
prix et toucher un maximum de consommateurs.
▶ Jasper
Morrison, Tate, 2000
▶ Bauhaus
Theodore
Bolger 1923 / Marianne Brandt 1924: On retrouve ici la question
des constantes et des variables dans un service, à partir de formes
simples . Recherches de déclinaisons dans l'assemblage.
La
question du choix dans la gamme :
▶ Jean
Baudrillard Le
système des objets
p196
Le
consommateur est obligé de choisir parmi la gamme qui lui est
proposée. Il se différencie en choisissant. Mais ce choix est illusoire,
il est forcé parmi un éventail restreint. Donner le choix au
consommateur indique qu'il est en fait le centre de gravité du
design. Le sujet ce n'est pas l'objet mais le consommateur. Le design
doit s'interroger principalement sur les désirs des consommateurs,
ou chercher à en créer par des variations inessentielles.
La
différence marginale dans la gamme :
▶
Jean
Baudrillard Le
système des objets p198/199
et 209
A
l'idéal industriel du « produit pour tous », l'idéal
commercial préfère « un produit pour chacun ».
les
différences inessentielles/marginales apportées aux objets pour les
personnaliser ne sont en réalité qu'un moteur d'achat, un faire
valoir pour doper la consommation. En réalité ces personnalisations
(censées répondre à des volontés , des goûts uniques) sont
à leur tour industrialisées. C'est ce qu'on appel la mode :
industrialiser des goûts.
Critique
virulente de ces différenciations qu'apporte l'industrie pour faire
semblant de proposer des produits uniques, singuliers.
D'un
côté nous avons une critique de la standardisation qui uniformiserait les
produits et donc les consommateurs et lorsque l'industrie parvient à
trouver des subterfuges pour remédier à cette uniformité, nous y
trouvons encore des choses à redire...
Comment
les créateurs peuvent ils partir de ce constat et tenter de motiver
leur création sur la recherche de singularités non superficielles ?
▶ Gaetano
Pesce, vase amazonia, 2008
La
série industrielle diversifiée. Son objectif : produire des
objets « personnalisés », « uniques » au
sein même du moule industriel, grâce à divers procédés dont
l'injection plastique dans des moules où l'air, restant bloqué à
l'intérieur, forme l'objet de façon aléatoire. Une différence
pour la différence qui flirte avec l'informe. Fait echo au fait que
quand tout est différent rien n'est différent. Introduire l'idée
de l'erreur de l'imperfection comme faisant partie de la création.
▶ « Romeo
n'existe pratiquement que parce que c'est une gamme. En termes de
dessin, cela n'existe pas, c'est une accumulation de lieux communs.
C'est une accumulation de mélanges de lieux communs. Cela n'existe
qu'en tant que proposition qui essaye d'être exhaustive en matière
de services rendus. Un objet de la gamme de Romeo mis à part
ne veut pas dire grand chose. Certains objets n'ont de valeur que
parce qu'ils sont inscrits dans une volonté de réponse
exhaustive. » Philippe Starck 2000
▶ Alessandro
Mendini 100% make up 1989 créé le modèle du vase et
invite 100 auteurs (designer graphistes archi artistes...) à
concevoir une décoration. Chacun exemplaire est tiré à 100 ex
(10000 vases) projet développé autour de caractères communs :
forme/fonction et de la diversifier en fonction de la variable que
représente l'auteur.
Quand le standard est perturbé
▶
5.5
designers, ouvrier designers, 2005
Partenariat
avec la Fondation d’Entreprise Bernardaud. Les designers sont intervenus à
plusieurs reprises dans la chaîne industrielle de la manufacture de
porcelaine Bernardaud, pour encadrer une liberté créative
ponctuellement accordée à certains ouvriers à chaque moment clé
de la production en prenant le contrepoint ou en autorisant certains
gestes habituellement impossibles ou interdits dans un processus de
fabrication standardisé. Des perturbations à certains produits
classiques de la gamme Bernardaud, qui continuent ensuite le chemin
habituel de leur élaboration parfaite.
Replacer
un peu d’aléatoire dans les modes de production standardisés / «
profiter » de la chaîne industrielle pour créer des objets plus
artisanaux, sinon unique. Mutation complète du rôle du designer
dans l’entreprise et dans la société. « Aujourd’hui, pour
innover, il faut concevoir la conception » (Danielle Quarante). En
d’autres termes, le designer devient un chef d’orchestre de la
fabrication, un observateur attentif des modes et des outils de
production, ce qui doit le conduire à mettre en valeur tout le «
potentiel d’une production, basé sur l’existant » (5.5
designers ), et non plus seulement de créer des formes toujours plus
nouvelles et toujours plus abstraites.
Cette démarche vise à mettre en valeur le savoir-faire des ouvriers d’une
manufacture, mais aussi, au-delà d’une tâche répétitive et
soignée, leur proposer d’exprimer une liberté, une revendication,
une prise de distance sur ce qu’ils font habituellement
mécaniquement. Il s’agit en fait d’une expérience inédite de
créativité instantanée sur le site même de la production. Final :
un ensemble de pièces uniques en réaction à la monotonie sérielle,
chacune d’elle parlant d’un détournement possible du
savoir-faire technique de l’entreprise, à réintégrer ou à
exploiter dans le futur.
Atelier
de coulage / calibrage / garnissage / …
Quand le standard est détourné
▶
Objets
réinventés, le design à Cuba.
Ernesto Oroza et
Pénélope de Bozzi, Ces créateurs anonymes réinterrogent les objets
issus de la production industrielle et leur durée de vie. Il y a une
grande uniformisation des biens de consommations
disponibles aux cubains, mais surtout grande pénurie. Ils gardent
tout pour tout transformer, réparer, réutiliser... (bouteille de
lait/ bocaux/ boites/ bouteille / canettes/ … ils ne cessent de
recycler la même réalité. La récupération : consigne
étatique. Tout devient donc matière première pour :
-
Réparer
-
Refonctionnaliser : réutiliser l'objet tel quel dans son
contexte initial
-
Décontextualiser ou recontextualiser : l'objet est
réutilisé tel quel mais dans un nouveau contexte (bouteille comme
bouée pour enfant, un crayon comme manche de rasoir …) ou au
contraire morcelé pour en former un autre.
-
Hybrider : mélanger, associer différents objets pour réparer
ou créer un objet. Nécessité d'observer les qualités initiales de
l'objets pour en tirer parti dans un autre : sa forme, sa
matière, sa fonction d'origine... (lampe en tube dentifrice...
-
L'objet matière première : canettes deviennent des languettes
pour faire des cendriers/ … on ne reconnaît quasi plus l'objet
initial.
▶ 5.5
designers, Réanim, l’hôpital des objets, 2003
Partant d'une collecte d'objets cassés
puis d'une analyse sur les cassures principales répertoriées, les
designers ont réfléchi à une réparation basée sur le principe de la greffe. Ils ont créé une gamme de prothèses standards
réparant chacune une cassure spécifique : pied cassé, assise
percée, porte manquante... une réponse standard à des cassures
typiques, sur des objets variés. Leur intervention est autant une
intervention fonctionnelle et donc pratique qu'une intervention
esthétique sur l'objet. Création d'une pièce unique. Ils redonnent
une vie aux objets leur permettant de se réintroduire dans le
circuit d'utilisation.
▶ Droog
Design/ Tejo remy A chest of drawers, 1991 / Milk
bottle chandelier 1991
l'objet standard est récupéré pour être reconsidéré dans une
autre forme dans un autre contexte.
Quand l'usager participe
▶
Fernando
Brizio (vase
painting
with Giotto
2005/
robe
renewable
clothing
2008)
▶
Berber
Soepboer et Michel Schuurman
Color-in
dress, 2009
offrent
la possibilité à l'usager d'intervenir sur son vêtement pour
l'adapter à ses goûts. L'usager est largement impliqué dans la
finalisation de l'objet, il devient actif. Objet non fini proposé
aux consommateurs. D'un objet standard, l'usager pourra le faire
sien. Intervention manuelle sur un objet produit industriellement.
(philosophe Michel de Certeau : « la consommation est une
autre production »). ces designers prennent le contre point de
cette idée que l'objet, une fois acquis est soumis à son
utilisateur. Il ne souhaite pas être soumis à lui, il cherche donc
à le personnaliser, à l'adapter à lui. Ces créations subliment l'acte de consommation, de possession en « création ».
▶
Raphaël
Pluvinage,
Sylvain
Chassériaux et
Léa
Bardin.
Fabrique Hacktion.,
2011. Ces greffes engagent une réappropriation
des espaces publics et une volonté de
réadapter le mobilier
urbain ou les dispositifs existants aux usagers. Ces différents
objets peuvent s’ajuster facilement aux standards de la rue et
invitent l’usager à ˆ participer ˆ à la production en convertissant
la ville standardisée en un espace singulier. Dans Journal
de bord, les journaux se voient offrir un
réceptacle dans le métro qui re-crée un coin lecture en
encourageant le partage.
▶ Andy
Warhol, Do it yourself, 1962 l'artiste propose ici un
dessin à peindre sur le principe des « numéros d'art ».
Un dessin est composé de cases numérotées donc chaque numéro
correspond à une couleur. Le consommateur crée donc son œuvre
d'art à partir d'une image standard produite par un artiste. Warhol
questionne le rôle de l'artiste et de l'oeuvre d'art ainsi que son
statut. Le spectateur ne serait il pas aussi à même de produire
l'oeuvre ? Perte d'importance de l'intervention de la main de
l'artiste (depuis Duchamp et ses ready made) l'artiste propose un
protocole, une possibilité de faire une œuvre. Do it yourself :
ironie du savoir faire de l'artiste qui s'est perdue dans des
créations mécanisées (sérigraphies de warhol) La virtuosité de
l'artiste n'est plus ce qui prime au XXème siècle mais bien l'idée
qu'il propose.
▶ 5.5
designers, Cuisine d'objets, 2009
Sous la forme d'une recette de cuisine, les designers proposent
ici à l'usager de réaliser lui même son objet. Ils donnent donc
une notice de réalisation avec un élément standard clé pour
l'objet à réaliser (patère pour le porte manteau, estampillé 5.5
évidemment, poignée pour le porte documents, spot pour le
lampadaire...) Volonté d'engager l'usager dans la conception mais
aussi dans un acte écologique. Se créer un objet avec des éléments
de récupérations. Créer des archétypes d'objets avec de la
récup'. Le designer se libère de la conception formelle de l'objet,
il intervient ici comme chef d'orchestre. L'usager devient acteur
dans la fabrication de ses biens de consommation.
▶ Tord
Boontje rough and ready , 2000 propose un
fascicule qui contient les informations nécessaires pour construire soi
même cette chaise appuyées par des schémas. Cette notice est
volontairement laissée floue (matériaux par ex) car le designer
souhaite que le consommateur maitrise l'esthétique et le coût de
son objet. Accepte l'idée de l'imperfection possible de l'objet dans
sa réalisation contre la vanité de l'objet achevé sorti d'usine
dans leur hypothétique perfection.
“
Je
vois ceci comme quelque chose de très positif, de proposer une
notice aux gens pour qu’ils fassent
leurs propres objets eux-mêmes, au lieu d'acheter automatiquement
quelque chose de fini (…) Fournir des informations au lieu
d’imposer. Fait maison au lieu de produit d'usine. Jusqu'ici
environ 30.000 schémas ont été distribués librement. Bien que je
ne puisse pas deviner combien de gens ont fait ces chaises, je pense
pouvoir dire qu’elle est devenue, en quelque sorte, un article
produit en série. Chacun a fabriqué localement, avec les matériaux
locaux, des spécificités et si tout va bien chacune a eu sa propre
interprétation personnelle. ”
Ces
productions questionnent le rôle du designer qui ne cesse d'évoluer.
Il semble se poser ici comme chef d'orchestre, comme guide. Il
propose des processus d'appropriation, jusqu'à même dans certains
cas proposer des fascicules expliquant comment fabriquer une chaise
(Tord Boontje « rough and ready » 2000) fait écho à
l'art conceptuel (kosuth) existerait il un design conceptuel ?
Il enseigne une méthode. L'usager doit accepter ce rôle qui lui est
donné, sans cet échange, cet accord tacite, l'objet reste sans
fonction.
Nouveau
statut des consommateurs donc : il devient sujet actant. Il met
sa touche personnelle, exprime son individualité. Il est responsable de la
finalisation. Apporte du sens, une aura, une valeur (d'estime) le
consommateur à investit l'objet.
Quand le standard devient œuvre d'art
▶ Marcel
Duchamp, Urinoir, 1917 ready-made
▶ Andy
Warhol, Campbell's
soup1965
/ Coca cola bottles, 1962,
mélange d'unique et de standard (objet de la grande consommation
dont l'image est élevée au rang d'oeuvre d'art, donc d'unique.) Technique de la sérigraphie qui reproduit à l'infini une même
image : le standard est re standardisé mais à bien regarder,
chaque reproduction de la boite de soupe est différente des autres :
variations dues à la technique employée, critique d'une profusion
de biens de consommation...
Quand le standard joue avec les archétypes
▶ LE
canapé / LA chaise, LA bouteille... l'idée que tout le monde a dans
la tête. Ce qui relie, ce qui est commun dans l'idée d'une chaise,
d'une table.... une mémoire continue non datée, il est issu de la
plus grande mémoire commune. L'archétype repère et ne garde que
les constantes d'un objet
Starck,
Miss Sissi, 1991 : exemple type de l'utilisation
industrielle de l'archétype. Elle est devenue universelle parce
qu'elle est universelle, puisqu'elle est directement issue d'un
archétype. Faire de l'ultra standard !
▶ Jasper
Morrison
chaise
Ply 1988 / Basel chair 2008 / Bac round table 2009 / bottles 1989
Des
meubles réduits à de purs schémas. "Les entreprises ont la
nécessité de se différencier. Mais aujourd'hui la meilleure
manière de se différencier, c'est de faire comme tout le monde.
Tout le monde voudrait faire un standard." faire un design «
super normal », un quotidien qui redevient discret, des
objets peu bavards, simples.
Il
existe visiblement ici un lien entre le supernormal et
l’archétypique, qui résulte d’un long processus de création
tout au long de l’histoire du produit, où la genèse de l’objet
pendant des siècles, voire des millénaires, aboutit à une image
que nous avons tous en tête lorsque nous entendons ou lisons le mot
«chaise». Il n’invente
pas les formes ils les utilisent
Avec
la Basel Chair, Jasper Morrison renouvelle le type de la
simple chaise en bois classique, fabriquée industriellement depuis
près de cent ans dans un grand nombre de variations. Si la chaise se
distingue d’abord par ses proportions harmonieuses, un regard plus
approfondi dévoile son caractère novateur. L’assise et le dossier
de la Basel Chair sont en effet en matière synthétique, ce qui
permet de leur donner une forme plus organique, une surface
structurée et plus fine, donc plus souple que pour les chaises
entièrement en bois. Grâce à cette association de matériaux, la
Basel Chair offre un confort d’assise sensiblement amélioré
et, dans la version en deux coloris, un charme particulier.
Quand le standard crée des systèmes :
Les
systèmes modulaires le moins donne le plus
- Modules d'habitation
- Modules graphiques
- Modules constructifs
- Modules de rangement
- Modules typographiques
▶ Ronan
et Erwan Bouroullec,
Clouds, 2009
Créer
un module qui s'inscrit dans un système de modules à assembler pour
construire:Cela implique l'usager qui construit, déconstruit, s'approprie
l'objet. Cela donne une valeur d'estime (l'usager choisit ses couleurs,
ses formes, ses fonctions...) et permet d'adapter l'objet à l'identité
de l'usager, ses goûts mais aussi son mode de vie.
L'aspect modulable
permet de palier l'obsolescence (programmée) des objets de grande
consommation.
Avant
produire en grande quantité des objets standardisés et aux
caractéristiques constantes était considéré comme un symptôme
d'efficacité industrielle mais à la fin XXème elle devient synonyme
d'homogénéisation et négation des spécificités des
consommateurs. Le modulable permet de se poser contre la
standardisation du consommateur, en considérant leurs différences.
(le système modulable exploite les principes de la standardisation
mais s'en détache pour offrir de la singularité, de l'unique)
Modulation
esthétique : interne à son système (ce n'est pas un ornement
collé sur la surface de l'objet, ce n'est pas un enjolivement
gratuit) il est justifié par le fonctionnement interne de l'objet
(« la forme suit la fonction » Sullivan)
(« la forme suit la fonction » Sullivan)
Le
design doit reconfigurer le rapport des usagers à leur objet.
Scénariser la consommation. Les usagers manipulent les objets pour
créer du sens (ketchupy : les enfants se racontent des
histoires en manipulant l'objet, créer du sens et une valeur
d'estime avec un produit de consommation courante) le modulable peut offrir
cela.
▶
Marameo
Design,
Bloxes,
2008
L'usager
invente l'objet, son application...
Il
faut donc redonner son importance à l'usager et son statut, lui
donner la possibilité de choisir. Le choix dans la manipulation de
son système modulable lui rend sa liberté. Il faut que l'usager
pratique l'objet, ce n'est pas un usage, c'est une pratique. Il faut
donc expérimenter l'objet.
L'objet
standard prescrit un usage précis et étriqué qui empêche donc
l'usager de participer à la définition de l'usage, il s'arrache des
us et coutumes. Il perd ses savoirs vivre dans le sens de savoir
appréhender/expérimenter.
Le
système modulable trompe l'ennui. Il crée de la variété
constamment renouvelable. L'usager a besoin de surprise, de nouveauté
(stade MAYA Loewy)
▶
Patrick
Sung,
Ups,
2008
Les
emballages cartons sont toujours trop grand par rapport à ce qu’ils
contiennent. Ce concept propose un emballage réduit et qui pourtant
colle à l’objet entouré.
Adaptabilité : système modulable exploité par le pliage
▶
DERY
Sarah,
Tea
cube, 2010
Inspiré
du cube Rubik, cet ensemble de 27 petites boîtes est fait en une
seule pièce de papier avec beaucoup de pliages. L'ensemble offre
trois type de thé ; le noir, le rouge et le vert. Chaque petit cube
est détachable et contient une petite poche à infuser.
▶
Typographies