vendredi 3 juillet 2015

Uniformité / Singularité

Uniformité et Singularité ou comment déstandardiser le standard ?

Valentine Lecarpentier



Uniformité / Singularité visuels / Valentine L

Voici une réflexion sur l'uniformisation des objets produits en série, et un aperçu des alternatives explorées par les créateurs pour contrer cette standardisation des biens de consommation.

TEXTES qui viennent nourrir la réflexion
- De Bozzi, Pénélope ; Oroza, Ernesto : La création populaire à Cuba, objets
réinventés, Paris, éditions alternatives, 2002


- Oroza, Ernesto : Rikimbili, Une étude sue la désobéissance technologique et quelques formes de réinvention, Saint-Etienne, Publication de l’université de Saint-Etienne, 2009


- Baudrillard, Jean : Le système des objets, Gallimard, 1968


- Dagognet, François : Eloge de l'objet, Paris, Vrin, 1989


- Platon : La République, 4ème siècle avant JC




Uniformité et singularité
ou comment déstandardiser le standard ?


Nous contestons la thèse selon laquelle le XXème siècle est voué à la standardisation

François Dagognet // Eloge de l'objet Platon la république,
Pour Platon, il y aurait trois degrés d'existence des choses impliquant une hiérarchisation  
Par exemple pour le lit il y aurait:

1/ l'Idée du lit par nature, unique (créée par Dieu, donc le degré supérieur d'existence, le lit réel, le Vrai lit), l'Idée comme son essence, ce qui fait de manière conceptuelle le lit (ou autre)

2/ le lit réalisé par le menuisier (l'artisan) d'après l'Idée du lit, celle de Dieu. Il copie donc l'Idée du lit.

3/ la représentation de ce lit par le peintre donc l'imitation du lit (degré le plus bas) qui se tient au 3ème rang par rapport à ce qui existe par nature. La peinture est une imitation de l'apparence du lit. Si on regarde le lit de différentes manières il nous apparaît différent mais ne l'est pas en réalité, pourtant la peinture ne s'arrête que sur un point de vue et non pas sur la vérité du lit. Elle imite le lit tel qu'il apparaît à nos yeux, d'un seul point de vue. L'art de l'imitation est donc bien éloigné du vrai.
Ces deux derniers degrés seraient des illusions de l'Idée du lit car elles n'en sont que des représentations. Celle du peintre serait la plus éloignée de la vérité car elle n'est que le représentation d'un lit déjà illusoire. L'Idée du lit, son essence, serait le degré d'existence du lit le plus Vrai. L'artisan et le peintre doivent rester au plus près de l'idée pour ne pas trop s'éloigner de la vérité. 

François Dagognet remet ces propos en cause. Pour lui Platon enferme les choses dans des immuables. Réduire donc une chose à une Idée (supérieure et universelle) lui semble réducteur et surtout faux. La réalisation de l'objet ne sort pas d'un modèle immuable, qui imposerait une conception particulière de l'objet. Le concepteur invente. Pour Dagognet, cette conception ôte l'originalité possible en toutes choses. Le créateur doit donc contaminer l'essence des choses pour créer.
Il se déclare donc anti platonicien. Rejet de l'idée d'une chaise qui précède la chaise et la verrouille dans son essence. l'histoire a donné la preuve que la chaise n'a cessé de s'affranchir d'une idée unique de chaise constante.
Nous contestons donc la thèse selon laquelle le Xxème s est voué à la standardisation...
Etrange... le Xxème est justement l'apogée de la standardisation. Créer des constantes pour pouvoir fabriquer industriellement, à moindre coûts. La différence coûte cher. Mais on voit que quasi dès l'apparition de la standardisation une volonté de différenciation est aussitôt apparue.


Quand le standard fait des gammes // série diversifiée

polysémie : haut et bas de gamme/ la gamme comme assortiments, variations d'un même élément/
La gamme est une suite d'éléments dont certains caractères varient (couleurs , matériau, finition, dimensions...). La multiplication des caractères variables qui différencient les produits à l'intérieur de la gamme peut compliquer le jeu à l'infini.

« Ford  T» 1908: « nous avons standardisé le consommateur. » Ford a cherché la satisfaction moyenne de chacun on assiste donc à une standardisation de la réponse. « n'importe quelle couleur pourvu qu'elle soit noire » il ne cherche rien de superflu, aucune fioriture, rien qui ne soit destiné à flatter la sensibilité des acheteurs. La production de masse impose de rechercher des standards. Elle uniformise les goûts. Mais General Motors arrive et propose des différences esthétiques (différentes couleurs, crée donc une gamme) elles deviennent donc un stimulant.
Le consommateur est le centre de gravité du design, le sujet n'est pas l'objet mais le consommateur.

General Motors, 1923, les voitures prennent des couleurs. Se différencie de Ford en proposant une gamme, il met l'accent sur les attentes esthétiques des clients. Multiplication des modèles pour varier les prix et toucher un maximum de consommateurs.

Jasper Morrison, Tate, 2000

Bauhaus Theodore Bolger 1923 / Marianne Brandt 1924: On retrouve ici la question des constantes et des variables dans un service, à partir de formes simples . Recherches de déclinaisons dans l'assemblage.

La question du choix dans la gamme :
 Jean Baudrillard Le système des objets p196
Le consommateur est obligé de choisir parmi la gamme qui lui est proposée. Il se différencie en choisissant. Mais ce choix est illusoire, il est forcé parmi un éventail restreint. Donner le choix au consommateur indique qu'il est en fait le centre de gravité du design. Le sujet ce n'est pas l'objet mais le consommateur. Le design doit s'interroger principalement sur les désirs des consommateurs, ou chercher à en créer par des variations inessentielles.

La différence marginale dans la gamme :
Jean Baudrillard Le système des objets p198/199 et 209
A l'idéal industriel du « produit pour tous », l'idéal commercial préfère « un produit pour chacun ».
les différences inessentielles/marginales apportées aux objets pour les personnaliser ne sont en réalité qu'un moteur d'achat, un faire valoir pour doper la consommation. En réalité ces personnalisations (censées répondre à des volontés , des goûts uniques) sont à leur tour industrialisées. C'est ce qu'on appel la mode : industrialiser des goûts.
Critique virulente de ces différenciations qu'apporte l'industrie pour faire semblant de proposer des produits uniques, singuliers.

D'un côté nous avons une critique de la standardisation qui uniformiserait les produits et donc les consommateurs et lorsque l'industrie parvient à trouver des subterfuges pour remédier à cette uniformité, nous y trouvons encore des choses à redire...
Comment les créateurs peuvent ils partir de ce constat et tenter de motiver leur création sur la recherche de singularités non superficielles ?

Gaetano Pesce, vase amazonia, 2008
La série industrielle diversifiée. Son objectif : produire des objets « personnalisés », « uniques » au sein même du moule industriel, grâce à divers procédés dont l'injection plastique dans des moules où l'air, restant bloqué à l'intérieur, forme l'objet de façon aléatoire. Une différence pour la différence qui flirte avec l'informe. Fait echo au fait que quand tout est différent rien n'est différent. Introduire l'idée de l'erreur de l'imperfection comme faisant partie de la création.

« Romeo n'existe pratiquement que parce que c'est une gamme. En termes de dessin, cela n'existe pas, c'est une accumulation de lieux communs. C'est une accumulation de mélanges de lieux communs. Cela n'existe qu'en tant que proposition qui essaye d'être exhaustive en matière de services rendus. Un objet de la gamme de Romeo mis à part ne veut pas dire grand chose. Certains objets n'ont de valeur que parce qu'ils sont inscrits dans une volonté de réponse exhaustive. » Philippe Starck 2000

Alessandro Mendini 100% make up 1989 créé le modèle du vase et invite 100 auteurs (designer graphistes archi artistes...) à concevoir une décoration. Chacun exemplaire est tiré à 100 ex (10000 vases) projet développé autour de caractères communs : forme/fonction et de la diversifier en fonction de la variable que représente l'auteur.



Quand le standard est perturbé

5.5 designersouvrier designers, 2005
Partenariat avec la Fondation d’Entreprise Bernardaud. Les designers sont intervenus à plusieurs reprises dans la chaîne industrielle de la manufacture de porcelaine Bernardaud, pour encadrer une liberté créative ponctuellement accordée à certains ouvriers à chaque moment clé de la production en prenant le contrepoint ou en autorisant certains gestes habituellement impossibles ou interdits dans un processus de fabrication standardisé. Des perturbations à certains produits classiques de la gamme Bernardaud, qui continuent ensuite le chemin habituel de leur élaboration parfaite.
Replacer un peu d’aléatoire dans les modes de production standardisés / « profiter » de la chaîne industrielle pour créer des objets plus artisanaux, sinon unique. Mutation complète du rôle du designer dans l’entreprise et dans la société. « Aujourd’hui, pour innover, il faut concevoir la conception » (Danielle Quarante). En d’autres termes, le designer devient un chef d’orchestre de la fabrication, un observateur attentif des modes et des outils de production, ce qui doit le conduire à mettre en valeur tout le « potentiel d’une production, basé sur l’existant » (5.5 designers ), et non plus seulement de créer des formes toujours plus nouvelles et toujours plus abstraites.
Cette démarche vise à mettre en valeur le savoir-faire des ouvriers d’une manufacture, mais aussi, au-delà d’une tâche répétitive et soignée, leur proposer d’exprimer une liberté, une revendication, une prise de distance sur ce qu’ils font habituellement mécaniquement. Il s’agit en fait d’une expérience inédite de créativité instantanée sur le site même de la production. Final : un ensemble de pièces uniques en réaction à la monotonie sérielle, chacune d’elle parlant d’un détournement possible du savoir-faire technique de l’entreprise, à réintégrer ou à exploiter dans le futur.
Atelier de coulage / calibrage / garnissage / …


Quand le standard est détourné

Objets réinventés, le design à Cuba. Ernesto Oroza et Pénélope de Bozzi, Ces créateurs anonymes réinterrogent les objets issus de la production industrielle et leur durée de vie. Il y a une grande uniformisation des biens de consommations disponibles aux cubains, mais surtout grande pénurie. Ils gardent tout pour tout transformer, réparer, réutiliser... (bouteille de lait/ bocaux/ boites/ bouteille / canettes/ … ils ne cessent de recycler la même réalité. La récupération : consigne étatique. Tout devient donc matière première pour :
- Réparer 
- Refonctionnaliser : réutiliser l'objet tel quel dans son contexte initial
- Décontextualiser  ou recontextualiser : l'objet est réutilisé tel quel mais dans un nouveau contexte (bouteille comme bouée pour enfant, un crayon comme manche de rasoir …) ou au contraire morcelé pour en former un autre.
- Hybrider : mélanger, associer différents objets pour réparer ou créer un objet. Nécessité d'observer les qualités initiales de l'objets pour en tirer parti dans un autre : sa forme, sa matière, sa fonction d'origine... (lampe en tube dentifrice...
- L'objet matière première : canettes deviennent des languettes pour faire des cendriers/ … on ne reconnaît quasi plus l'objet initial.


5.5 designers, Réanim, l’hôpital des objets, 2003 Partant d'une collecte d'objets cassés puis d'une analyse sur les cassures principales répertoriées, les designers ont réfléchi à une réparation basée sur le principe de la greffe. Ils ont créé une gamme de prothèses standards réparant chacune une cassure spécifique : pied cassé, assise percée, porte manquante... une réponse standard à des cassures typiques, sur des objets variés. Leur intervention est autant une intervention fonctionnelle et donc pratique qu'une intervention esthétique sur l'objet. Création d'une pièce unique. Ils redonnent une vie aux objets leur permettant de se réintroduire dans le circuit d'utilisation.

Droog Design/ Tejo remy A chest of drawers, 1991 / Milk bottle chandelier 1991 l'objet standard est récupéré pour être reconsidéré dans une autre forme dans un autre contexte.


Quand l'usager participe

Fernando Brizio (vase painting with Giotto 2005/ robe renewable clothing 2008)

Berber Soepboer et Michel Schuurman Color-in dress, 2009
offrent la possibilité à l'usager d'intervenir sur son vêtement pour l'adapter à ses goûts. L'usager est largement impliqué dans la finalisation de l'objet, il devient actif. Objet non fini proposé aux consommateurs. D'un objet standard, l'usager pourra le faire sien. Intervention manuelle sur un objet produit industriellement. (philosophe Michel de Certeau : « la consommation est une autre production »). ces designers prennent le contre point de cette idée que l'objet, une fois acquis est soumis à son utilisateur. Il ne souhaite pas être soumis à lui, il cherche donc à le personnaliser, à l'adapter à lui. Ces créations subliment l'acte de consommation, de possession en « création ».

Raphaël Pluvinage, Sylvain Chassériaux et Léa Bardin. Fabrique Hacktion., 2011. Ces greffes engagent une réappropriation des espaces publics et une volonté de réadapter le mobilier urbain ou les dispositifs existants aux usagers. Ces différents objets peuvent s’ajuster facilement aux standards de la rue et invitent l’usager à ˆ participer ˆ  à la production en convertissant la ville standardisée en un espace singulier. Dans Journal de bord, les journaux se voient offrir un réceptacle dans le métro qui re-crée un coin lecture en encourageant le partage.

Andy Warhol, Do it yourself, 1962 l'artiste propose ici un dessin à peindre sur le principe des « numéros d'art ». Un dessin est composé de cases numérotées donc chaque numéro correspond à une couleur. Le consommateur crée donc son œuvre d'art à partir d'une image standard produite par un artiste. Warhol questionne le rôle de l'artiste et de l'oeuvre d'art ainsi que son statut. Le spectateur ne serait il pas aussi à même de produire l'oeuvre ? Perte d'importance de l'intervention de la main de l'artiste (depuis Duchamp et ses ready made) l'artiste propose un protocole, une possibilité de faire une œuvre. Do it yourself : ironie du savoir faire de l'artiste qui s'est perdue dans des créations mécanisées (sérigraphies de warhol) La virtuosité de l'artiste n'est plus ce qui prime au XXème siècle mais bien l'idée qu'il propose.

5.5 designers, Cuisine d'objets, 2009 Sous la forme d'une recette de cuisine, les designers proposent ici à l'usager de réaliser lui même son objet. Ils donnent donc une notice de réalisation avec un élément standard clé pour l'objet à réaliser (patère pour le porte manteau, estampillé 5.5 évidemment, poignée pour le porte documents, spot pour le lampadaire...) Volonté d'engager l'usager dans la conception mais aussi dans un acte écologique. Se créer un objet avec des éléments de récupérations. Créer des archétypes d'objets avec de la récup'. Le designer se libère de la conception formelle de l'objet, il intervient ici comme chef d'orchestre. L'usager devient acteur dans la fabrication de ses biens de consommation.

Tord Boontje rough and ready , 2000 propose un fascicule qui contient les informations nécessaires pour construire soi même cette chaise appuyées par des schémas. Cette notice est volontairement laissée floue (matériaux par ex) car le designer souhaite que le consommateur maitrise l'esthétique et le coût de son objet. Accepte l'idée de l'imperfection possible de l'objet dans sa réalisation contre la vanité de l'objet achevé sorti d'usine dans leur hypothétique perfection.
Je vois ceci comme quelque chose de très positif, de proposer une notice aux gens pour qu’ils fassent leurs propres objets eux-mêmes, au lieu d'acheter automatiquement quelque chose de fini (…) Fournir des informations au lieu d’imposer. Fait maison au lieu de produit d'usine. Jusqu'ici environ 30.000 schémas ont été distribués librement. Bien que je ne puisse pas deviner combien de gens ont fait ces chaises, je pense pouvoir dire qu’elle est devenue, en quelque sorte, un article produit en série. Chacun a fabriqué localement, avec les matériaux locaux, des spécificités et si tout va bien chacune a eu sa propre interprétation personnelle. ”
Ces productions questionnent le rôle du designer qui ne cesse d'évoluer. Il semble se poser ici comme chef d'orchestre, comme guide. Il propose des processus d'appropriation, jusqu'à même dans certains cas proposer des fascicules expliquant comment fabriquer une chaise (Tord Boontje « rough and ready » 2000) fait écho à l'art conceptuel (kosuth) existerait il un design conceptuel ? Il enseigne une méthode. L'usager doit accepter ce rôle qui lui est donné, sans cet échange, cet accord tacite, l'objet reste sans fonction.
Nouveau statut des consommateurs donc : il devient sujet actant. Il met sa touche personnelle, exprime son individualité. Il est responsable de la finalisation. Apporte du sens, une aura, une valeur (d'estime) le consommateur à investit l'objet.


Quand le standard devient œuvre d'art

Marcel Duchamp, Urinoir, 1917 ready-made

Andy Warhol, Campbell's soup1965 / Coca cola bottles, 1962, mélange d'unique et de standard (objet de la grande consommation dont l'image est élevée au rang d'oeuvre d'art, donc d'unique.) Technique de la sérigraphie qui reproduit à l'infini une même image : le standard est re standardisé mais à bien regarder, chaque reproduction de la boite de soupe est différente des autres : variations dues à la technique employée, critique d'une profusion de biens de consommation...


Quand le standard joue avec les archétypes

LE canapé / LA chaise, LA bouteille... l'idée que tout le monde a dans la tête. Ce qui relie, ce qui est commun dans l'idée d'une chaise, d'une table.... une mémoire continue non datée, il est issu de la plus grande mémoire commune. L'archétype repère et ne garde que les constantes d'un objet
Starck, Miss Sissi, 1991 : exemple type de l'utilisation industrielle de l'archétype. Elle est devenue universelle parce qu'elle est universelle, puisqu'elle est directement issue d'un archétype. Faire de l'ultra standard !

Jasper Morrison
chaise Ply 1988 / Basel chair 2008 / Bac round table 2009 / bottles 1989
Des meubles réduits à de purs schémas. "Les entreprises ont la nécessité de se différencier. Mais aujourd'hui la meilleure manière de se différencier, c'est de faire comme tout le monde. Tout le monde voudrait faire un standard."  faire un design « super normal », un quotidien qui redevient discret, des objets peu bavards, simples.
Il existe visiblement ici un lien entre le supernormal et l’archétypique, qui résulte d’un long processus de création tout au long de l’histoire du produit, où la genèse de l’objet pendant des siècles, voire des millénaires, aboutit à une image que nous avons tous en tête lorsque nous entendons ou lisons le mot «chaise». Il n’invente pas les formes ils les utilisent
Avec la Basel Chair, Jasper Morrison renouvelle le type de la simple chaise en bois classique, fabriquée industriellement depuis près de cent ans dans un grand nombre de variations. Si la chaise se distingue d’abord par ses proportions harmonieuses, un regard plus approfondi dévoile son caractère novateur. L’assise et le dossier de la Basel Chair sont en effet en matière synthétique, ce qui permet de leur donner une forme plus organique, une surface structurée et plus fine, donc plus souple que pour les chaises entièrement en bois. Grâce à cette association de matériaux, la Basel Chair offre un confort d’assise sensiblement amélioré et, dans la version en deux coloris, un charme particulier.



Quand le standard crée des systèmes :
Les systèmes modulaires le moins donne le plus
  • Modules d'habitation
  • Modules graphiques
  • Modules constructifs
  • Modules de rangement
  • Modules typographiques

Ronan et Erwan Bouroullec, Clouds, 2009
Créer un module qui s'inscrit dans un système de modules à assembler pour construire:Cela implique l'usager qui construit, déconstruit, s'approprie l'objet. Cela donne une valeur d'estime (l'usager choisit ses couleurs, ses formes, ses fonctions...) et permet d'adapter l'objet à l'identité de l'usager, ses goûts mais aussi son mode de vie.
L'aspect modulable permet de palier l'obsolescence (programmée) des objets de grande consommation.

Avant produire en grande quantité des objets standardisés et aux caractéristiques constantes était considéré comme un symptôme d'efficacité industrielle mais à la fin XXème elle devient synonyme d'homogénéisation et négation des spécificités des consommateurs. Le modulable permet de se poser contre la standardisation du consommateur, en considérant leurs différences. (le système modulable exploite les principes de la standardisation mais s'en détache pour offrir de la singularité, de l'unique)
Modulation esthétique : interne à son système (ce n'est pas un ornement collé sur la surface de l'objet, ce n'est pas un enjolivement gratuit) il est justifié par le fonctionnement interne de l'objet 
(« la forme suit la fonction » Sullivan)
Le design doit reconfigurer le rapport des usagers à leur objet. Scénariser la consommation. Les usagers manipulent les objets pour créer du sens (ketchupy : les enfants se racontent des histoires en manipulant l'objet, créer du sens et une valeur d'estime avec un produit de consommation courante) le modulable peut offrir cela.

Marameo Design, Bloxes, 2008
L'usager invente l'objet, son application...
Il faut donc redonner son importance à l'usager et son statut, lui donner la possibilité de choisir. Le choix dans la manipulation de son système modulable lui rend sa liberté. Il faut que l'usager pratique l'objet, ce n'est pas un usage, c'est une pratique. Il faut donc expérimenter l'objet.
L'objet standard prescrit un usage précis et étriqué qui empêche donc l'usager de participer à la définition de l'usage, il s'arrache des us et coutumes. Il perd ses savoirs vivre dans le sens de savoir appréhender/expérimenter.
Le système modulable trompe l'ennui. Il crée de la variété constamment renouvelable. L'usager a besoin de surprise, de nouveauté (stade MAYA Loewy)

Patrick Sung, Ups, 2008
Les emballages cartons sont toujours trop grand par rapport à ce qu’ils contiennent. Ce concept propose un emballage réduit et qui pourtant colle à l’objet entouré. Adaptabilité : système modulable exploité par le pliage

DERY Sarah, Tea cube, 2010
Inspiré du cube Rubik, cet ensemble de 27 petites boîtes est fait en une seule pièce de papier avec beaucoup de pliages. L'ensemble offre trois type de thé ; le noir, le rouge et le vert. Chaque petit cube est détachable et contient une petite poche à infuser.

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